Pourquoi mon ostéo me dit de ne rien faire après son traitement ?

La question épineuse… pourquoi ? Parce qu’après avoir fouillé sur Google et plusieurs sites d’ostéopathes, retourné les bases de données scientifiques PubMed, ScienceDirect et Pedro, et demandé l’avis de quelques ostéopathes… on trouve enfin… un incroyable VIDE ! 🤷‍♀️

On va essayer de raisonner sur le peu que l’on « trouve » et essayer de réfléchir un peu… 🤔

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Sur le site de osteodoc il est possible de lire :

Laissez votre corps se reposer et guérir. Bien que votre corps ait retrouvé un état de fonctionnement plus normal, il n’est pas encore guéri. La guérison prend du temps. Traitez votre corps avec respect. Évitez toute activité intense, en particulier les mouvements brusques, pendant un ou deux jours après chaque traitement.

Traduction de Osteodoc.com : After Your Treatment – Lu le 29/09/2019

On ne trouve aucune explication de pourquoi éviter les mouvements brusques pendant un ou deux jours. S’il y avait une lésion réclamant une cicatrisation, les manoeuvres forcées à haute vitesse ne risqueraient-elles pas de les aggraver ? Curieux, non ?


Evitez les activités physiques dites « brutales » (le corps a besoin de temps pour enregistrer toutes les informations reçues lors de la consultation avant de lancer son adaptation. Les activités physiques éprouvantes pour le corps sont donc à proscrire pendant 24h au minimum, l’idéal étant de 48 à 72h).

CYCL’OSTEO : Que faire après une séance d’ostéopathie ? – Pierre-Louis BILLANT – Rédigé le 25/03/2019 – Lu le 29/09/2019

Curieusement, les sportifs, comme les vedettes des grands clubs de football, semblent s’en affranchir de ce délai pour retourner s’entrainer ou aller en match. 💪

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Le corps a besoin 2 à 3 jours pour intégrer les informations passives ? Par quels mécanismes ?

Peut-être est-il question de la plasticité cérébrale ? Cela correspond à la capacité des neurones dans notre cerveau à remodeler leurs connexions face à une stimulation ou un changement. Mais que quels changements parle-t-on ? De la représentation du schéma corporel ? De la proprioception (perception de notre position dans l’espace) ?

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La piste proprioceptive est en effet celle avancée par le site osteopathiemontpellier.fr :

En libérant des tensions corporelles, la posture et la proprioception (perception fine de son corps dans l’espace) doivent se réajuster à ce nouveau schéma corporel.
C’est pour ces raisons qu’on peut se sentir très fatigué après une séance, avoir des courbatures, voir apparaître une légère aggravation du symptôme avant son amélioration.

Que faire (ou pas) après une séance d’ostéopathie ? – Caroline Zumbihl – Rédigé le 09/12/2014 – Lu le 29/09/2019

Ce temps pour ré-intégrer à nouveau le schéma corporel sain (donc supposé habituel…) suppose que l’on est pu mémoriser au préalable un mauvais schéma. Or, quand on consulte en aiguë (sur un problème présent depuis moins de 3 mois), par exemple une douleur cervicale au réveil, le jour même, a-t-on réellement fait cette opération ?

Pour rappel, les courbatures font suite à un exercice physique d’intensité inhabituelle. Un traitement manuel passif, à moins de créer de micro-lésions musculaires, ne peut pas générer de courbatures. Que faut-il conclure ? Est-ce vraiment des courbatures, ce qui soulève des questions sur l’innocuité du traitement… ou est-ce autre chose, mais quoi ? Encore une fois, on tombe sur un vide de réponse…


L’effet rebond

Sur CYCL’OSTEO il est aussi question d’un effet rebond de la douleur, mais nous rassure :

Il ne faut pas s’inquiéter et attendre que votre corps s’auto-régule. Votre corps doit intégrer toutes les nouvelles informations transmises par le traitement ostéopathique. Et cela demande du temps ! Suite à votre consultation, la douleur va diminuer progressivement sur 30 jours, mais c’est dans les 72 premières heures que cette diminution sera la plus importante.

Voltaire

Savez-vous en combien de temps cicatrisent des lésions des tissus mous telles que les entorses de cheville sans rupture (ne nécessitant pas d’importants traitements médicaux) ? La réponse est TROIS SEMAINES, soit une vingtaine de jours donc TROIS À CINQ DE PHASE INFLAMMATOIRE !

On aurait alors envie de rappeler Voltaire : « L’art de la médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit »…🍀

Moralité, un problème sans gravité, cicatrise généralement de lui-même.


Le mot de la fin :

En bref, il est commun de voir cette tradition de demander de ne rien faire pendant 2 à 3 jours (voir 1 mois selon les sources). Mais les explications sont très vagues pour les rares existantes, et amènent à plus de questions que de réponses. Bref, les fondements sont très fragiles et aisément réfutables, dignes d’un catalyseur à placebo / effet contextuel (ex : « attendez, ça va marcher »). 🦄

Le risque de ce genre de recommandations est d’amener le patient vers une peur du mouvement (ou kinésiophobie en jargon médical).😱

Par ailleurs, cela laisse le temps pour que la nature fasse son travail de cicatrisation et augmente ainsi les chances d’un résultat positif attribuable au traitement, et donc d’en revendiquer les lauriers… D’autant qu’il est souvent demandé de même ne pas faire d’autres traitements rééducatifs pendant ce temps…

Il n’y a donc aucune justification à prodiguer ce conseil de mise au repos et de stopper les autres traitements. Au contraire, l’exercice physique est un (auto)traitement très efficace dans une multitude de problèmes de santé et est scientifiquement éprouvé… Il devrait donc plutôt être encouragé ! 🤸‍♀️⛹️‍♂️

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SOURCES :

  1. After Your Treatment – Osteodoc.com – Mark E. Rosen, Innesa Lagen, Alistair C. Moresi – Date de rédaction inconnue – Lu le 29/09/2019
  2. CYCL’OSTEO : Que faire après une séance d’ostéopathie ? – Pierre-Louis BILLANT – Rédigé le 29/09/2019 – Lu le 29/09/2019

Futures mamans : à vos baskets !

À la question « quels sports pratiquez-vous ? », les jeunes mamans répondent souvent « Avec la grossesse, j’ai évidemment tout arrêté. »… Si on leur avait dit que c’était possible, peut-être auraient-elles pu éviter quelques désagréments.

En 2019, les canadiens nous proposent de faire le point avec une mise à jour des recommandations en matière d’activité physique pendant la grossesse. 🤰

Les dernières revues systématiques incitent aujourd’hui à inviter les futures mamans à ne pas arrêter la pratique d’une activité physique… et pourquoi pas même pour certaines, à en commencer une !

En effet l’activité physique pendant la grossesse a un impact positif sur la santé de la mère… ET celle de l’enfant à naitre !

  • Diabète gestationnel : – 38 %
  • Hypertension artérielle gestationnelle : – 39 %
  • Pré-éclampsie : – 41 %
  • Dépression pré-natale : – 67 %

Les 6 règles d’or [1]

Toutes les femmes ne présentant pas de contre-indications peuvent (pour ne pas dire « devraient ») être physiquement actives durant leur grossesse. Et cela est valable pour quasiment toutes les femmes, même celles qui étaient inactives auparavant, ou qui ont un diabète gestationnel, ou qui sont en surpoids ou obèses. 🐢

Pour obtenir un bénéfice significatif et diminuer le risque de complications pendant la grossesse, la « dose » hebdomadaire devrait être d’au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité moyenne. 1️⃣5️⃣0️⃣

Il est préférable de pratiquer une activité physique au moins trois fois par semaine ; l’idéale restant une activité quotidienne ! 3️⃣

Il semble que l’idéale serait les exercices aérobiques variés et le renforcement musculaire. Les activités d’étirements (en douceur) ou de postures comme le yoga seraient aussi bénéfiques. 🏋️‍♀️

La pratique d’exercices quotidiens de renforcement du plancher pelvien (périnée) peut réduire le risque d’incontinence urinaire. On peut notamment proposer les exercices de Kegel [3]. 🌸

En cas d’étourdissements, de nausées ou de malaises lors de la réalisation d’exercices allongée sur le dos, il est recommandé de changer de position. 🤢


Quelles sont les contre-indications ABSOLUES à l’exercice ?

  • Membranes rompues.
  • Travail prématuré (ça va être compliqué d’accoucher en faisant du vélo)
  • Saignements vaginaux persistants inexpliqués.
  • Placenta praevia (c’est à dire une mauvaise localisation du placenta, visible lors d’une échographie classique de suivi de grossesse) après 28 semaines de gestation.
  • Pré-éclampsie (trouble fréquent de la grossesse, associée à une hypertension artérielle et à l’apparition de protéines dans les urines. En général, le bébé nait en bonne santé et la mère se rétablira rapidement [2] ).
  • Col utérin incompétent.
  • Restriction de croissance intra-utérine.
  • Grossesse multiple d’ordre élevé (triplés et plus).
  • Diabète de type I non contrôlé.
  • Hypertension incontrôlée.
  • Maladie thyroïdienne incontrôlée.
  • Autre trouble cardiovasculaire, respiratoire ou systémique grave.

Et les contre-indications RELATIVES ?

Avant tout, on entend par contre-indication relative, une situation dans laquelle il faudra « peser » les bénéfices attendus de l’exercice et les risques. Pour cette analyse, l’aide et les conseils des professionnels de santé compétents en obstétrique sont indispensables. 🤷‍♀️

Si la balance bénéfices-risques est en faveur des bénéfices, il n’y aura pas lieu de ranger les baskets. 💃

  • Fausses couches récurrentes.
  • Hypertension gestationnelle.
  • Une histoire de naissance prématurée spontanée.
  • Maladie cardiovasculaire ou respiratoire légère / modérée.
  • Anémie symptomatique.
  • Malnutrition.
  • Trouble de l’alimentation.
  • Grossesse gémellaire après la 28ème semaine.
  • Autres conditions médicales importantes.
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Y a-t-il des activités à éviter ?

  • Les activités physiques en cas chaleur extrême, notamment si l’humidité est élevée. 🥵
  • Les activités impliquant un contact physique (ex : la boxe, le rugby avec contact). Il faut savoir que certains sports ont une version adaptée « sans contact » comme le karaté, la boxe, le rugby et d’autres… 🤼‍♀️
  • Les activités impliquant un risque de chute (ex : la funambule, l’équitation, le ski alpin, ou l’escalade non-assurée).
  • La plongée sous-marine.
  • Les femmes vivant en basse altitude (en-dessous de 2500 m) devraient éviter les activités physiques à haute altitude (au-dessus de 2500 m). Elles restent envisageables avec la supervision d’un obstétricien connaissant l’impact de la haute altitude pour la mère et le fœtus. Avec une acclimatation, une activité physique modérée entre 1800 et 2500 m ne semble pas altérer le bien-être de la mère ou du fœtus.
  • La compétition sportive ou l’activité physique très intense sans avis médical. 🏆
Même les arts martiaux sont adaptables… Photo by Sarah Cervantes on Unsplash

Quels sont les signes invitant à consulter son médecin ?

  • Essoufflement excessif qui persiste au repos.
  • Douleur thoracique importante.
  • Contractions utérines régulières et douloureuses.
  • Saignements vaginaux.
  • Perte persistante de liquide par le vagin.
  • Vertiges ou malaises qui persistent au repos.

Quelques petites choses à savoir en plus…

Quelques fois durant la grossesse, une séparation visible des muscles abdominaux, appelée diastasis recti, peut apparaitre. Il est préférable de demander conseil à un kinésithérapeute et d’éviter les exercices de renforcement abdominal dans ce cas, car cela augmenterait le risque de recourir à une réparation postnatale. Les exercices aérobiques continus comme la marche rapide réduiraient le risque de développer un diastasis.

Il faut maintenir une nutrition et une hydratation adéquates et donc boire de l’eau avant, pendant et après l’activité physique. 💧

Par ailleurs, la pratique de compétition n’est pas proscrite, mais il est prudent d’en parler avec son médecin obstétricien. Cela aura pour but de clarifier les risques et d’apporter d’éventuelles adaptations dans la pratique sportive.

Enfin, durant la grossesse, les femmes produisent une hormone appelée la relaxine. Celle-ci a un effet de relâchement sur les ligaments (cette hyperlaxité est normale), ce qui aura une incidence sur l’amplitude des mouvements, augmentant ainsi le risque de blessure. En prévention, un échauffement rigoureux sera plus que jamais nécessaire.


Le mot de la fin

La grossesse est une période importante dans vie d’une femme où chacune cherche un mode de vie sain et propice au développement de l’enfant à naître. Il est donc naturel de se poser des questions.

Que l’on se rassure, la pratique sportive n’augmente pas le risque prématurité ou de fausse couche [4]. Dans la grande majorité des situations, il n’y a pas de raison de se priver de la pratique de l’exercice physique, celle-ci étant profitable pour la future mère et son futur enfant.

De nombreux sports existent avec des adaptations pour la femme se préparant à donner la vie.

Même une femme non-sportive, diabétique ou présentant des rondeurs, peut faire une activité physique. En cas de contre-indication relative, la prise de conseils auprès d’un professionnel de santé pourra aider à faire ses choix.

Mesdames, n’ayez plus peur de vos baskets ! 💪

À vos marques… Prêtes… PARTEZ ! 🏃‍♀️

Photo by Yoav Aziz on Unsplash

SOURCE :

  • [1] Mottola, Michelle F, Margie H Davenport, Stephanie-May Ruchat, Gregory A Davies, Veronica J Poitras, Casey E Gray, Alejandra Jaramillo Garcia, et al. « 2019 Canadian Guideline for Physical Activity throughout Pregnancy ». British Journal of Sports Medicine 52, no 21 (novembre 2018). [SITE WEB]
  • [2] Pré-éclampsie – INSERM – 31/11/2018 – lu le 21/09/2019 [SITE WEB]
  • [3] 5 exercices pour renforcer son périnée – PérinéeShop.com – 29/09/2015 – lu le 21/09/2019 [SITE WEB]
  • [4] La course à pied et la grossesse – Douanka Gendreau – La Clinique du Coureur – 22/11/2018 – lu le 21/09/2019 [SITE WEB]

Ces drapeaux nous en font voir de toutes les couleurs…

Les professionnels de santé se doivent d’évaluer un patient pour décider de la conduite à tenir. Cela peut concerner des facteurs biologiques, psychologiques, socio-économiques, professionnels ou pronostiques. [1]

Les drapeaux – Main C et al. « ABC of Psychological Medicine: Musculoskeletal Pain ». BMJ 2002

Drapeaux rouges (facteurs biologiques)

Pour faire court, ce sont les signes de pathologies « sérieuses ». On entends souvent en formation parler de signes de pathologie « graves » ou « funestes ». Il faut tout de suite modérer les propos : un drapeau rouge en orthopédie peut être une importante douleur à la suite d’une chute ; il faut alors contrôler la possible présence d’une fracture par une imagerie. Pourtant toutes les fractures n’engagent pas obligatoirement le pronostique vital du patient. Cependant il est à convenir qu’une fracture du tibia (os de la jambe) est potentiellement plus grave qu’une entorse de cheville de grade 1 (un ligament qui a juste été étiré un peu fort, mais sans rupture, mais qui fait mal pendant environ 3 semaines).

Ce sont donc les signes de pathologies qu’il vaut mieux ne pas louper.

En voici quelques exemples : [2]

  • Traumatisme important (Fracture ?)
  • Antécédent de cancer
  • Perte de poids importante, rapide et involontaire.
  • Signes neurologiques relatif à la queue de cheval ou de compression de moelle épinière.
  • Sensation d’anesthésie
  • Douleur nocturne incessante.
  • Incontinence urinaire et intestinale
  • Vertiges / Etourdissements
  • Nausées / Vomissements
  • Fièvre
  • Âge (en terme inférieur ou de supérieur selon les situations)
  • Signes cardiaques
  • Utilisation prolongée de corticostéroïdes.
  • En plein d’autres variables selon les contextes…
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Posons un autre modérato : Un drapeau rouge n’est pas toujours réellement rouge.

En 2018, Premkumar et ses collaborateurs ont publié une revue rétrospective comptant 9 940 individus se présentant dans un centre de soins pour des douleurs en bas du dos. Ils ont trouvé que 92,6% des patients avaient au moins un signe de maladie sérieuse. En réalité, dans leur échantillon de population, seul 8,3% avaient réellement une pathologie sévère. Il semble aussi intéressant d’utiliser des combinaisons de drapeaux rouges. [6]

Ils ont conclu que bien qu’une réponse positive à une question du drapeau rouge puisse indiquer la présence d’une maladie grave, une réponse négative à une ou deux questions du drapeau rouge ne diminue pas de manière significative la probabilité de la présence de la pathologie. Il est donc recommandé aux cliniciens d’être prudents lorsqu’ils utilisent les questionnaires de drapeaux rouges comme outils de dépistage.

En 2019, Parreira et ses collaborateurs mettent en lumière que le nombre de drapeaux rouges approuvés dans les directives (guidelines) pour dépister les fractures dans les lombalgies a augmenté avec le temps. D’après eux, la plupart des recommandations ne seraient pas étayées par des recherches ni accompagnées de données d’exactitude diagnostique. [7]

Il s’agit donc de rester prudent avec ces signes…


Drapeaux oranges (facteurs psychiatriques) [2]

Se sont les affections psychiatriques qui vont avoir une répercussion sur le rétablissement :

  • Dépression
  • Troubles de la personnalité

Drapeaux jaunes (facteurs psychosociaux)

Ces drapeaux font référence aux facteurs de risque psychosociaux tels que des comportements, l’anxiété, les pensées, les croyances du patient et la compréhension de son état.

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Des exemples de drapeaux jaunes seraient : [2 ; 4]

  • Catastrophisme (imaginer le pire).
  • Pessimisme sur l’avenir.
  • Évoquer une douleur disproportionnée par rapport au problème de santé.
  • Penser que le travail, l’activité et le mouvement vont aggraver le problème / augmenter la douleur. Kinésiophobie (peur du mouvement).
  • Attendre que quelqu’un règlement le problème (attitude passive dans le traitement), errance médicale.

Parfois, les thérapeutes peuvent malheureusement induire ou renforcer ces pensées négatives vis-à-vis des patients. De fait, un thérapeute peut involontairement amener le patient à mal gérer son problème de santé. Cela peut venir du langage technique qu’il va employer (les mots scientifiques peuvent être effrayants pour certaines personnes). [5]

De même, certaines communications peuvent induire de l’angoisse et du pessimisme. C’est notamment le cas des « FakeNews » (fausses informations) et des propos énoncés par les praticiens de « FakeMeds » (fausses médecines ou à faible niveau de preuve d’efficacité).


Drapeaux bleus (facteurs sociaux et économiques) [2]

Ce sont les conditions du milieu de travail et les répercussions parfois imaginées du travail sur la santé, pouvant nuire à la récupération :

  • Inquiétudes sur le fait d’être capable de répondre aux exigences du travail.
  • Faible satisfaction au travail
  • Absence de soutien au travail
  • Trouver le travail stressant
  • Les attitudes négatives des autres envers le travailleur malade.
  • Mauvaises relations avec les collègues et / ou l’employeur.

Drapeaux noirs (facteurs occupationnels / conditions de travail) [2]

Ces drapeaux relèvent aussi des problèmes dans le milieu professionnel mais essentiellement en termes legals et organisationnels au sein de l’entreprise vis à vis du patient, ou qui peuvent perturber le bon retour au travail, comme :

  • les entraves légales au retour au travail
  • politiques sociales
  • les problèmes de remplacement ou d’adaptation du poste.
  • les problèmes financiers et procédures liées aux assurances.
  • l’isolement

Drapeaux roses (facteurs de pronostic) [3]

Ce sont des drapeaux positifs et, de fait, ils sont plutôt « cools » ! 😎

Ils font référence aux facteurs de bon pronostique, prédisants un résultat positif. Bref, aux marques d’optimisme du patient telles que :

  • Avoir peu de peur.
  • Penser que continuer à travailler et à mener des activités normales contribue au rétablissement.
  • Espérer que le fait d’être actif conduira éventuellement à une récupération plus rapide même si des ré-haussements de douleur peuvent survenir transitoirement.
  • Se projeter dans le fait d’aller prochainement mieux et de retourner à toutes les activités précédentes.
  • Croire que la douleur est tout à fait gérable et contrôlable.
  • Souhaiter être acteur de son propre rétablissement et de ne pas dépendre de la gestion médicale
  • Admettre qu’il n’existe pas de solution (ou pilule / potion) magique.
  • Comprendre que la douleur ne correspond pas assurément à un dommage tissulaire.
Photo by Emmanuel on Unsplash

L’idéal pour Gifford, serait de prendre les drapeaux jaunes, et amener le patient à les « peindre » en rose. 💗


SOURCES

  1. Main, C. J. « ABC of Psychological Medicine: Musculoskeletal Pain ». BMJ 325, no 7363 (7 septembre 2002): 534‑37. [SITE WEB]
  2. Physiopedia : The flag system – vu le 08/09/2019 – [SITE WEB PHYSIOPEDIA]
  3. Gifford L S 2005 Editorial: Now for Pink Flags! PPA News 22: 3-4 [PDF]
  4. New Zealand Guidelines Group. « New Zealand Acute Low Back Pain Guide ; incorporating the Guide to Assessing Psychosocial Yellow Flags in Acute Low Back Paint », 2004, [PDF]
  5. Breedt E. « Yellow Flag Therapist », 04/06/2018 – vu le 08/09/2019 – [SITE PAINCLOUD.COM] (traduction en français sur le BLOG DE KOBUS)
  6. Premkumar, Ajay, William Godfrey, Michael B. Gottschalk, et Scott D. Boden. « Red Flags for Low Back Pain Are Not Always Really Red: A Prospective Evaluation of the Clinical Utility of Commonly Used Screening Questions for Low Back Pain ». The Journal of Bone and Joint Surgery 100, no 5 (mars 2018). [SITE WEB]
  7. Parreira, Patricia C S, Christopher G Maher, Adrian C Traeger, Mark J Hancock, Aron Downie, Bart W Koes, et Manuela L Ferreira. « Evaluation of Guideline-Endorsed Red Flags to Screen for Fracture in Patients Presenting with Low Back Pain ». British Journal of Sports Medicine 53, no 10 (mai 2019. [SITE WEB]

Un point sur les courbatures

Il arrive, après avoir repris (ou commencé) le sport ou après une activité physique plus intense que d’habitude, que nous ressentions une douleur semblant d’origine musculaire dans les jours qui suivent. C’est ce que nous appelons couramment : une courbature.

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Dans la littérature nous parlons de « douleur musculaire d’apparition retardée » (en anglais : Delayed Onset Muscle Soreness – DOMS).


De nombreuses classifications ont vu le jour, incluant les courbatures et les différents troubles et blessures musculaires, selon divers critères de structure et d’étendue. Bref, un joyeux bazar. 🤯

En 2012, une conférence de consensus d’experts s’est tenue à Munich sur la question de la terminologie et classification des blessures musculaires dans le sport. [1]

La courbature y est alors définie (avec les troubles musculaires induits par la fatigue) comme étant un trouble musculaire, indirect, fonctionnel, lié au surmenage.

Consensus de Munich – Classification des troubles aigus et des blessures musculaires

C’est classiquement ce qui se passe quand on commence (ou reprend) une activité sportive avec beaucoup d’enthousiasme… 😅

C’est par exemple courir 8 km lors de sa première course à pied sans y être préparé au préalable. Dans les jours suivants, on a mal !


Mais en soi, qu’est-ce qu’une courbature ?

Le symptôme est une douleur musculaire inflammatoire aiguë, diffuse dans un muscle ou un groupe de muscles, qui survient au repos, dans les 12 à 48 heures suivantes une activité physique d’intensité inhabituellement élevée avec des mouvements de décélération et excentriques (c’est à dire une contraction avec un allongement du muscle, la force externe gagne sur la force musculaire, comme sur la phase de descente d’une pointe de pied où la gravité gagne sur les muscles du mollet). Cette douleur disparaît généralement spontanément en moins d’une semaine.

Cette inflammation est due à la libération locale de substances (médiateurs) inflammatoires lors de la formation de minuscules lésions (à l’échelle microscopique) de quelques fibres musculaires (une fibre musculaire = une cellule musculaire). Que l’on se rassure, il n’est pas question de parler de déchirure. En effet, le tissu de soutien entourant les fibres musculaires n’est pas altéré, et donc la cicatrisation sera parfaitement dirigée. 👷‍♂️

Illustration anatomique des structures musculaires. Hans-Wilhelm Mueller-Wohlfahrt et al. Br J Sports Med 2013;47:342-350. Copyright © BMJ Publishing Group Ltd & British Association of Sport and Exercise Medicine. All rights reserved.

Les signes cliniques sont généralement :

  • Un gonflement oedémateux.
  • Des muscles raides, voire faibles.
  • Une amplitude de mouvement limitée des articulations adjacentes.
  • Douleur à la contraction isométrique (sans mouvement).
  • Un soulagement à l’étirement.
  • Une diminution de la proprioception (un peu maladroit)

Pendant une semaine APRÈS la disparition des douleurs, il peut persister une diminution des amplitudes de mouvement, de la force et de la proprioception. Il y est donc important de reprendre l’activité, mais progressivement car le risque de blessure n’est pas absent.


Il faut donc bien comprendre que les courbatures concernent TOUT LE MONDE !

  • Le « non-sportif » qui se met au sport : la simple (re)mise au sport constitue déjà un effort physique inhabituel. Il est donc normal que les premiers entraînements soient suivis de courbatures.
  • Le sportif (même un champion olympique) qui change son entraînement en l’augmentant franchement en termes de durée et/ou d’intensité… ou même qui change de mouvement sportif (exemple hypothétique : un tennisman qui ne joue qu’en coup-droit et qui se met au revers)… ou plus extrême : qui change de sport (exemple : le nageur qui se met à la course à pied).

Bref, c’est de la fatigue musculaire ?

Pas du tout ! La courbature doit être différenciée des lésions musculaires induites par la fatigue.

Un trouble musculaire induit par la fatigue va plutôt survenir pendant une activité sportive. Elle conduit à une fermeté douloureuse et localisée. La douleur peut être sourde ou lancinante, et augmente avec la poursuite de l’activité.

D’ailleurs, la fatigue musculaire prédispose aux blessures.


Et concernant l’accumulation d’acide lactique…

Encore un mythe qui va tomber… Ça n’a en fait aucun rapport avec les courbatures !

L’acide lactique est une molécule issue de la dégradation rapide du glucose dans le muscle lors d’un effort inhabituel requérant la production de beaucoup d’énergie rapidement. C’est ce que l’on appelle la respiration cellulaire anaérobie.

Mais c’est un faux coupable. Il n’existe d’ailleurs que très brièvement et se transforme en lactate. Celui-ci est évacué du muscle par l’intermédiaire de la circulation sanguine et est recyclé dans l’heure suivante pour produire de l’énergie dans le foie, le cerveau, le cœur et d’autres muscles.

Et pour innocenter d’avantage cette pauvre molécule, il semblerai qu’elle ne soit pas responsable des crampes ! (C’est un parfait exemple de corrélation sans causalité : c’est à dire d’évènements se produisant en même temps, mais où l’un n’entraîne pas l’autre). L’origine des crampes fait encore débat, mais l’acide et le lactate ne sont pas sur le bancs des accusés. Une des explications proposées serait plutôt un problème d’excitabilité neuromusculaire.


Comment traiter les courbatures ?

Une partie de réponse nous vient d’une méta-analyse réalisée en 2017 par Olivier Dupuy et ses collaborateurs du laboratoire MOVE, à l’Université de Poitiers. [2] 🇫🇷

Ils ont évalué les effets des traitements (avec une unique séance de soin pour chacun) pris séparément sur :

  • La créatine kinase (CK), permettant de suivre la lésion musculaire.
  • L’interleukine-6 (IL6) et la protéine C-réactive (CRP), marqueurs de la réaction inflammatoire.

Les traitements ainsi évalués ont été :

  • La récupération active
  • Les étirements (stretching)
  • Le massage
  • Le massage et stretching combinés
  • L’électrostimulation
  • Les compressions
  • L’immersion
  • Les bains écossais (alterner des bains chauds et froids)
  • La cryothérapie
  • L’oxygénothérapie hyperbare

Qu’est-ce qu’il en ressort pour chacun ?

Globalement, le massage est la technique de récupération qui se démarque de toutes en ayant une action bénéfique sur les courbatures et sur la fatigue perçue. 💪

Cependant, la diminution de la fatigue perçue peut aussi s’expliquer par une augmentation rapportée de 16% de la concentration sanguine en bêta-endorphines à la suite d’un massage de 30 minutes. 🧘‍♀️

Le massage est le plus efficace pour réduire les concentrations de CK et d’IL-6 sanguines après l’effort. Une diminution de la concentration de CK dans le sang pourrait refléter une réduction des dommages musculaires et indiquer également une récupération plus rapide après l’exercice.

Les vêtements de compression et l’immersion ont eu un impact positif significatif sur ces mêmes variables, mais moins prononcé.

À noter que le massage associé à des étirements aurait un effet plus puissant sur la fatigue perçue, mais nous n’avons pas l’information sur la cinétique des courbatures.

Par contre, les étirements seuls ne semblent pas apporter d’effets bénéfiques. Bien qu’ici les résultats sont à la limite de la significativité (pour les courbatures), des recherches plus anciennes amènent à s’interroger s’ils n’auraient d’ailleurs pas un effet délétère. 🤔

La cryothérapie semble efficace sur l’inflammation par rapport aux IL-6 (mais l’intervalle de confiance frôle la limite de significativité).

La récupération active, les bains écossais et la cryothérapie n’avaient d’impact positif que sur les courbatures.

Évidement cette méta-analyse est limitée par la qualité des études qu’elle inclue (et pourtant, ils ont fait du tri). Les auteurs appellent d’ailleurs à étudier ce qui se passe si on répète les traitements (au lieu d’un unique soin), mais aussi quand on combine les techniques…

Et pour ce qui est des médicaments, il semble inutile de conseiller les anti-inflammatoires. En effet, la réaction inflammatoire est normale et nécessaire pour la bonne cicatrisation.


Comment les prévenir ?

Comme dit précédemment les courbatures sont normales et touchent tout le monde.

Cependant, l’idéal serait de s’entraîner régulièrement et progressivement.

Il semble préférable de prendre son temps pour augmenter la charge. On entend d’ailleurs par « charge » : la durée, la force, le poids, la vitesse, le nombre de répétitions… En l’absence de connaissance en progression, il convient probablement de se faire conseiller par un entraîneur sportif ou un professionnel du sport ou de santé (kinésithérapeute ou médecin) lors du début ou reprise d’une activité physique.

Quand bien même des courbatures se manifestent, il ne faut pas entrer dans le diktat du « No Pain, No Gain » (Pas de douleurs, pas de progrès).

Il vaut mieux alléger l’entraînement temporairement avec une activité physique d’intensité faible a modérée pendant 30 à 45 minutes (par exemple), plutôt que de forcer de nouveau comme une brute sur le muscle en cours de reconstruction. Cela peut-être tout simplement de faire de la marche rapide ou du vélo, ou d’aller gentiment nager quelques longueurs (bref, une activité qui plaira)… En musculation, cela peut être aussi de travailler en endurance, en réduisant drastiquement le poids de charge, mais en faisant plus de répétitions par série… puis de reprendre progressivement son activité en recommençant un peu « moins fort ».

Il n’y a pas de remède magique. Chacun sera bien avisé de garder ses sous...


SOURCES :

  1. Mueller-Wohlfahrt H, Haensel L, Mithoefer K, et al. Terminology and classification of muscle injuries in sport : The Munich consensus statement. British Journal of Sports Medicine. 2013 ; 47 : 342-350. [SITE WEB]
  2. Dupuy O, Douzi W, Theurot D, Bosquet L, Dugué B. An Evidence-Based Approach for Choosing Post-exercise Recovery Techniques to Reduce Markers of Muscle Damage, Soreness, Fatigue, and Inflammation: A Systematic Review With Meta-Analysis. Front Physiol. 2018;9:403. [SITE WEB]

Mal de dos commun (Lombalgie) – Les dernières actualités

Le 4 avril 2019, la HAS a publié une mise à jour de ses recommandations pour la prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. À présent le repos n’est plus le traitement de choix, mais bien le maintien de l’activité autant que possible.

Un homme se tordant de douleur
Photo by Žygimantas Dukauskas on Unsplash

Un peu d’anatomie

Le dos est une zone de notre corps qui nous est un peu connu… Étant à notre arrière, nous ne le voyons jamais.

C’est la partie du corps composée par :

  • des vertèbres empilées et les paires de côtes,
  • des disques intervertébraux (entre chaque vertèbre)
  • des ligaments et des capsules articulaires reliant et stabilisant les pièces osseuses entre elles
  • des muscles forts, nombreux, qui s’insèrent le long des os, permettant de bouger et ayant aussi un rôle de stabilisation.
  • du fascia (une membrane fibro-elastique)

Le dos est donc comme le mat d’un grand voilier, avec des haubants de compétition.

Même s’il peut être le siège de douleurs, le dos est donc une structure SOLIDE ! 💪


Quelques mots sur la lombalgie

80% des français auront mal en bas du dos, au moins une fois dans leur vie. C’est donc un problème très fréquent, et qui, bien que douloureux, n’est pas une maladie grave et se soigne généralement sans séquelles.

Ce trouble peut survenir à tout âge et touche aussi bien les hommes que les femmes.

Pour 90% des cas, cela évolue favorablement en moins de 4 à 6 semaines.


Que recommande la H.A.S ? [1]

La H.A.S recommande aujourd’hui d’adopter un discours rassurant et encourageant envers les patients, en rappelant notamment la bonne évolution dans la grande majorité des cas. Il est aussi demandé d’expliquer et de dédramatiser les termes médicaux et d’imagerie, ces derniers ayant un fort pouvoir anxiogène [2]. 💆‍♂️

Il est aussi question de ne plus prescrire d’examen d’imagerie « pour voir ce qu’il se passe » en absence de signe de gravité dans les lombalgies aiguës (même en présence d’irradiation douloureuse dans les membres inférieurs). Les imageries ne semblent pas permettre de prédire l’évolution d’une lombalgie [3]. De plus, il y a très peu de corrélation entre ce que l’on voit sur des images médicales et ce qu’un patient présente comme signes et symptômes. Par exemple, dans une revue systématique de littérature scientifique, Brinjikji et ses collaborateurs ont trouvé que 37% des sujets d’une vingtaine d’années présentent une dégénérescence discale à l’imagerie, bien qu’ils ne montraient aucun symptôme [4].

Prevalence par age d'images dégénératives chez des sujets sans douleurs
Estimation de la prévalence par âge des résultats d’imagerie dégénérative de la colonne vertébrale chez des patients asymptomatiques – Brinjikji & al. – American Journal of Neuroradiology [4]

Le traitement à privilégier est l’activité physique et permet aussi d’éviter la récidive.

Une approche globale et multi-disciplinaire est à proposer en absence d’amélioration. Mais dans tous les cas, il faut proposer une prise en charge selon un modèle bio-psycho-social ; c’est à dire en prenant en compte les composantes sociales, professionnelles, familiales, etc… 👪


L’implication de la posture [10 , 11 , 12]

Diverses revues systématiques invitent à revoir la culpabilité de la posture au travail en tant que telle. Il ne semble pas se dégager de réelle posture nocive…

De même, la dimension temporelle lors du maintient de la position debout ou assise, ne semble pas corrélée aux douleurs lombaires.

Cependant le fait de changer de position régulièrement semble salutaire… 🤷‍♂️


On m’a dit d’aller à la piscine… [5]

C’est en effet un sport souvent proposé par les professionnels de santé aux patients ayant mal au dos.

Des personnes qui nagent dans une piscine
Photo by Serena Repice Lentini on Unsplash

Pourtant la pratique intensive de ce sport semblerait délétère pour le rachis. Mais que l’on se rassure, d’après la recherche, il ne semble pas y avoir davantage de discopathies chez le nageur loisir que chez le non sportif.

La pratique de la natation de loisir n’est donc pas dangereuse, mais non plus protectrice. Il n’y a donc pas d’argument à recommander ce sport plus qu’un autre, ni même à le déconseiller. 🏊‍♀️


On m’a aussi dit de faire du yoga… [6]

Un autre sport qui surfe sur la vague du mal de dos : le Yoga. Cette gymnastique douce est souvent présentée comme LE traitement au top contre la lombalgie. Une revue systématique de la Cochrane Library nous apporte une réponse pragmatique. 🤔

Yoga sur la plage
Photo by Kaylee Garrett on Unsplash

Le yoga semble apporter une amélioration légère à modérée à trois et six mois sur les fonctions du dos et sur la douleur. Cependant, les auteurs estiment que les données sont de valeur probante faible à moyenne. 🤷‍♂️

Il n’y a pas de certitude qu’il y ait une différence en termes de bénéfice sur les fonctions et les douleurs, entre la pratique du yoga ou d’autres exercices physiques.

Il n’y a pas non plus de différence d’efficacité significatives entre une pratique du yoga combinée à d’autres exercices et la réalisation d’exercices seuls.

Il a toutefois été observé davantage d’événements indésirables (sans gravité) parmi les yogis, que parmi le groupe sans exercices ; mais apparemment pas plus qu’avec d’autres exercices du dos.

Comme pour la natation, il n’y a donc pas d’arguments à recommander ce sport plus qu’un autre, ni même à le déconseiller.


Et la course à pied ? [7]

Il est souvent rapporté la croyance selon laquelle courir tasserait les disques intervertébraux et serait donc néfaste pour le dos. La recherche vient nous rassurer.

L’exercice est associé à une hypertrophie (objectivée par l’imagerie par résonance magnétique – IRM) et une meilleure composition des disques intervertébraux (hydratation et concentration en protéoglycanes). La marche rapide et la course lente (2 m/sec) produisent d’ailleurs ces effets. 🏃‍♀️

La hauteur du disque intervertébral par rapport à celle du corps vertébral, indicateur de l’hypertrophie du disque, est supérieure chez les coureurs, et notamment aux étages vertébraux lombaires inférieurs L3/L4 à L5/S1.

La course à pied n’est peut-être donc pas à bouder, ou du moins à fuir.

L’impact de la course à pied sur noyau du disque intervertébral.
Belavý – Scientific Reports

On m’a aussi dit de faire des abdominaux et de muscler mon dos…

Une revue systématique de Wong et collaborateurs met en évidence qu’après un traitement conservateur (rééducation) les changements de morphologie ou de vitesse d’activation du muscle transverse de l’abdomen ne sont généralement pas associés aux changements cliniques. L’incertitude plane quand on applique la question au muscle multifidus lombaire. [13]

Une étude rétrospective (Faur C. & al.) conclue aussi à une faible corrélation entre l’importance de l’atrophie du muscle multifidus lombaire le grade de dégénérescence discale (notamment au célèbre et « fatidique » étage L5/S1). [14 ; 15]

Mais attention, il ne faut pas aller dans les démarches à l’opposée. Aucune publication ne vient affirmer que l’activité musculaire est peu utile. Au contraire !

D’autres recherches se sont aussi intéressées à d’autres groupes musculaires « voisins ».

Par exemple, il se pourrait que les exercices du plancher pelvien (périnée) puissent apporter un vrai « plus » dans la prise en charge des douleurs persistantes en bas du dos. Xia Bi et ses collaborateurs ont trouvé des différences significatives en termes de douleurs et d’invalidité entre deux groupes de patients ayant la même routine de traitement de base (utilisation d’agents physiques et exercices du tronc), mais où l’un des deux avait aussi une prescription d’exercices actifs des muscles périnéaux (un protocole croissant sur 4 semaines de cycles de 6 secondes de contraction / 6 secondes de repos). [16]

Photo by bruce mars on Unsplash

Un autre exemple donné par Kumar, qui trouve une amélioration pour des patients souffrant de douleurs lombaires chroniques (même depuis plus d’un an), avec un protocole de renforcement des muscles du tronc et des grands fessiers. [17]

Peut-être que l’idée sera alors d’aller vers un travail musculaire global ? Une étude a récemment conclu qu’un protocole de 12 semaines de prise en charge avec la méthode Pilate mat (gymnastique au sol, sans rechercher la vitesse) était associé à une diminution de la douleur et de la kinésiophobie, ainsi qu’une amélioration de la fonction chez des patients lombalgiques. [19]


Quel sport alors ? [8]

Globalement, les activités physiques modérées (natation, cyclisme…) ont un effet positif sur la santé sans vraisemblablement entrainer un risque récidive ou d’aggravation des douleurs lombaires.

Néanmoins il y a peu d’études spécifiques à chaque sport. Il n’y a donc pas réellement de sport à contre indiquer, car cela dépendra en fait des suites de sa pratique. S’il y a une aggravation des symptômes, il y aura peut-être des ajustement à faire, dans le cas contraire il ne semble pas judicieux d’interdire ce sport.

Il est donc essentiel que de choisir une activité qui plaise (sinon, on abandonne vite) et qui ne majore pas les douleurs. De là, on peut proposer une ré-exposision progressive au sport avec par exemple un programme d’entrainement fractionné.

Femme faisant du renforcement musculaire
Photo by Gesina Kunkel on Unsplash

SOURCES :

  1. Recommandation de la H.A.S : Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. [SITE WEB]
  2. Stewart, Michael, et Stephen Loftus. « Sticks and Stones: The Impact of Language in Musculoskeletal Rehabilitation ». Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy 48, no 7 (juillet 2018): 519‑22. [SITE WEB]
  3. Tonosu, Juichi, Hiroyuki Oka, Akiro Higashikawa, Hiroshi Okazaki, Sakae Tanaka, et Ko Matsudaira. « The Associations between Magnetic Resonance Imaging Findings and Low Back Pain: A 10-Year Longitudinal Analysis ». Édité par Alejandro A. Espinoza Orías. PLOS ONE 12, no 11 (15 novembre 2017): e0188057.[SITE WEB]
  4. Brinjikji, W., P.H. Luetmer, B. Comstock, B.W. Bresnahan, L.E. Chen, R.A. Deyo, S. Halabi, et al. « Systematic Literature Review of Imaging Features of Spinal Degeneration in Asymptomatic Populations ». American Journal of Neuroradiology 36, no 4 (avril 2015): 811‑16. [SITE WEB]
  5. Middleton P et al. « Rachis et Natation : Faut-il faire de la prévention ? ». Médecins du Sport. N°130 – Janvier 2018. [SITE WEB]
  6. Wieland  LS, Skoetz  N, Pilkington  K, Vempati  R, D’Adamo  CR, Berman  BM. Yoga treatment for chronic non‐specific low back pain. Cochrane Database of Systematic Reviews 2017, Issue 1. Art. No.: CD010671. [SITE WEB]
  7. Belavý, Daniel L., Matthew J. Quittner, Nicola Ridgers, Yuan Ling, David Connell, et Timo Rantalainen. « Running Exercise Strengthens the Intervertebral Disc ». Scientific Reports 7, no 1 (mai 2017): 45975. [SITE WEB]
  8. Ribaud, A., I. Tavares, E. Viollet, M. Julia, C. Hérisson, et A. Dupeyron. « Which Physical Activities and Sports Can Be Recommended to Chronic Low Back Pain Patients after Rehabilitation? » Annals of Physical and Rehabilitation Medicine 56, no 7‑8 (octobre 2013): 576‑94. [SITE WEB]
  9. Document de Ameli « Je souffre de lombalgie : de quoi s’agit-il et que faire ? » : [PDF]
  10. Bakker, Eric W. P., Arianne P. Verhagen, Emiel van Trijffel, Cees Lucas, et Bart W. Koes. « Spinal Mechanical Load as a Risk Factor for Low Back Pain: A Systematic Review of Prospective Cohort Studies ». Spine 34, no 8 (avril 2009): E281‑93. https://doi.org/10.1097/BRS.0b013e318195b257.
  11. Roffey, Darren M., Eugene K. Wai, Paul Bishop, Brian K. Kwon, et Simon Dagenais. « Causal Assessment of Awkward Occupational Postures and Low Back Pain: Results of a Systematic Review ». The Spine Journal 10, no 1 (janvier 2010): 89‑99. https://doi.org/10.1016/j.spinee.2009.09.003.
  12. Hartvigsen, Jan, Charlotte Leboeuf-Yde, Svend Lings, et Elisabeth H. Corder. « Review Article: Is Sitting-While-at-Work Associated with Low Back Pain? A Systematic, Critical Literature Review ». Scandinavian Journal of Public Health28, no 3 (juillet 2000): 230‑39. [SITE WEB].
  13. Wong, Arnold Y.L., Eric C. Parent, Martha Funabashi, et Gregory N. Kawchuk. « Do Changes in Transversus Abdominis and Lumbar Multifidus During Conservative Treatment Explain Changes in Clinical Outcomes Related to Nonspecific Low Back Pain? A Systematic Review ». The Journal of Pain 15, no 4 (avril 2014): 377.e1-377.e35. [SITE WEB]
  14. Faur, Cosmin, Jenel M. Patrascu, Horia Haragus, et Bogdan Anglitoiu. « Correlation between Multifidus Fatty Atrophy and Lumbar Disc Degeneration in Low Back Pain ». BMC Musculoskeletal Disorders 20, no 1 (décembre 2019): 414. [SITE WEB]
  15. Goubert, Dorien, et Lieven Danneels. « Structural Changes of Lumbar Muscles in Non-Specific Low Back Pain ». Pain Physician, s. d., 16. [SITE WEB]
  16. Bi, Xia, Jiangxia Zhao, Lei Zhao, Zhihao Liu, Jinming Zhang, Dan Sun, Lei Song, et Yun Xia. « Pelvic Floor Muscle Exercise for Chronic Low Back Pain ». Journal of International Medical Research 41, no 1 (février 2013): 146‑52. [SITE WEB]
  17. Kumar, Tarun, Suraj Kumar, Md. Nezamuddin, et V.P. Sharma. « Efficacy of Core Muscle Strengthening Exercise in Chronic Low Back Pain Patients ». Journal of Back and Musculoskeletal Rehabilitation 28, no 4 (2 décembre 2015): 699‑707. [SITE WEB]
  18. Cruz-Díaz, David, M. Bergamin, S. Gobbo, Antonio Martínez-Amat, et Fidel Hita-Contreras. « Comparative Effects of 12 Weeks of Equipment Based and Mat Pilates in Patients with Chronic Low Back Pain on Pain, Function and Transversus Abdominis Activation. A Randomized Controlled Trial ». Complementary Therapies in Medicine 33 (août 2017): 72‑77. [SITE WEB]